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Attention, ce document est en cours de rédaction. Il s'agit d'une version de travail amenée à évoluer.

Étudiants participant au projet : Enzo FRANZ, Alexandre GALLE, Waldeck GARAUDET, Lola HAJNAL BERG, Tom SEGUIER.

Enseignant : Léo Dumont.

Présentation du corpus

Quel corpus pour quelles questions ? (Lola)

Du croisement du Romantisme dans sa volonté de réhabiliter le Moyen Âge et le nationalisme revendiquant des symboles puissants d’identité collective, émergeait la figure identificatoire emblématique du XIXe siècle : l’empereur carolingien Charlemagne.1 La plasticité extraordinaire de cette figure l’a mis au centre des discours contemporains. La diversité des activités du Charlemagne historique, y compris ses succès militaires, ses réformes juridiques et éducatives tout comme sa relation avec l’Église permettaient de lui attribuer des qualités multiples en fonction de l’objectif du locuteur.2 Ainsi, « on s’est efforcé que les privilèges que l’on réclamait, que les activités que l’on menait, que la conception de la France que l’on essayait de faire prévaloir remontaient à lui ».3

En outre, en dépassant les projets individuels, la permanence de la figure de Charlemagne dans l’imaginaire collectif rende possible l’identification des liens réunissant les différents champs et régimes politiques de la France du XIXe siècle et les thèmes centraux de leurs discours.4

L’usages multiples de l’empereur reflètent le fait que le Charlemagne auquel le XIXe siècle faisait référence n’est pas identique à la réalité historique du personnage. La figure moderne se situe là « où se rejoignent et se confondent mythe, histoire et poétique »5 , elle est le résultat de la fusion des faits historiques, des légendes médiévales et modernes et de la production littéraire. Les discours qui se sont inspirés de cet ensemble variait considérablement selon les régimes politiques et les événements du XIXe siècle, réinventant en permanence la figure de Charlemagne. Notre analyse vise à identifier les manières changeantes dont les discours se sont emparés de l’empereur.

Afin d’y parvenir, un corpus composé des textes faisant mention de Charlemagne, qui sont parus dans le Journal des Débats entre 1815 et 1870 sera utilisé. Plusieurs raisons mènent à ce choix : Les journaux sont le médium le plus important du XIXe siècle et se répandent de plus en plus au cours de cela. En tant que format hybride de publication, contenant opinions politiques, traités historiques et productions littéraires, il permet d’étudier la diversité des discours sur Charlemagne.

De plus, malgré le fait qu’ils donnent lieu à des débats controversés, dans leur ensemble, les journaux diffusent des informations, normes et valeurs communes, contribuant à la construction de l’identité nationale collective de la France, dont l’empereur représente un élément central.6 Au-delà des ces considérations, la mise en œuvre pratique contribue également à ce choix, car la collection des journaux numérisés de la Bibliothèque nationale de la France rende ce type de source facilement accessible. La nature pédagogique de ce travail exige de limiter le corpus aux éditions du Journal des Débats, qui a, en outre d’être un des quotidiens les plus répandus de l’époque, a l’avantage de recouvrir toute la période analysée.

Un premier survol des résultats qui donnent les outils Gallicagram et Google Ngram Viewer soutien l’hypothèse selon lequel l’emploie de la figure Charlemagne dans les discours du 19e siècle subit des changements fréquents. Le premier permet d’analyser la fréquence de l’apparition du mot « Charlemagne » dans le corpus « Presse française / Gallica », dans lequel sont regroupés les journaux français les plus importants de l’époque, le deuxième travaille avec un corpus dont la composition reste inconnue. Gallicagram situe les plus hautes fréquences de mentions de Charlemagne dans les années 1830s et 1850s alors que Google Ngram View les met dans les années 1840s.

Courbe Gallicagram

Courbe Google Ngram Viewer

Contrairement à Google Ngram Viewer, le corpus à la base du Journal des Débats permet de discerner les constructions discursives autour de la figure de Charlemagne au XIXe siècle tout en remplissant les critères pour la construction des corpus destinés à répondre à des questions historiques. La date et le lieu de parution de chaque édition du journal peuvent être précisément déterminés. Par conséquence, les contextes temporels et local des textes analysés sont connus, comme l’exige Antoine Prost, permettant de lier les références à Charlemagne à leurs environnements historiques spécifiques.7

En outre, le corpus est homogène, dans la mesure où il est uniquement composé d’éléments du même type de source, assurant sa qualité sérielle. La contrastivité du corpus est également achevée car il est possible de regrouper les articles par années et ensuite comparer les sous-parties. Recouvrant la période entre 1815 et 1870, le corpus corresponde tout aussi au critère de la diachronicité.8

Enfin, le journal est un objet attentif à son environnement, réactif à ce qui a été dit et publié avant, ce qui assure qu’une partie considérable du champ discursif puisse être saisi avec ce corpus d’une taille modérée, se rapprochant ainsi à l’idéal de la réflexivité proposée par Damon Mayaffre. Par conséquent, le corpus à la base du Journal der Débats permet de contourner la problématique épistémologique identifiée par Mayaffre, c’est-à-dire l’écart entre « l’établissement et du traitement du corpus, sur la base de critères explicites et objectifs et le moment de l’interprétation du texte qui fait appel […] à un intertexte subjectif et discrétionnaire au contour indéterminé ».9 Dans le cas du journal, une partie de l’intertexte de chaque article est forcément également saisie.

Explorer le corpus des mentions de Charlemagne dans le Journal des Débats (Tom)

Environnement logiciel

Pour notre étude, nous nous sommes appuyés sur le logiciel R via son interface Rstudio (écriture en Markdown). R étant un logiciel libre, il a l’avantage d’être gratuit, multi-platerforme et nous permettra d’écrire les processus qui nous permettent d’arriver aux résultats obtenus. Plus particulièrement, nous utiliserons un package appelé quanteda10 (Quantitative Analysis of Textual Data) développé par Kenneth Benoit et Kohei Watanabe. Ce package, permet une analyse des textes par les fonctions qu’il introduit en un minimum d’étapes et de manière totalement libre et gratuite. Nous introduisons donc le package quanteda ainsi que le package readtext11 qui nous sera utile également, par le code suivant:

#install.packages("readtext")
#install.packages("quanteda")

library(readtext)
library(quanteda)

Egalement, nous chargeons au sein de R, un fichier contenant des fonctions préparées au préalable qui nous seront utiles pour notre étude:

source(file = "fonctions_texto.r")

Importation du corpus du journal des débats 1815-1870

Pour importer le corpus, nous le mettons au préalable dans un fichier tabulaire au format .csv afin de réunir tous les articles faisant référence à Charlemagne entre 1815 et 1870 et de leur attribuer un id, c'est-à-dire un nombre unique qui leur est rattaché:

csvf <- "charlemagne_debats_1815-1870.csv"
textes <- readtext(csvf, text_field = "text", docid_field = "id")
debats <- corpus(textes)

Principales caractéristiques du corpus

Grâce aux lignes de codes suivantes, nous affichons la taille de notre corpus:

occurrences <- tokens(debats)
corpus_size(occurrences)
## Total d'occurrences : 218603
## Total de formes : 30026
print("Ci-dessous le nombre d'occurences et de formes sans la ponctuation")
## [1] "Ci-dessous le nombre d'occurences et de formes sans la ponctuation"
occurrences <- tokens(debats, remove_punct = T, remove_symbols = T, remove_numbers = T)
corpus_size(occurrences)
## Total d'occurrences : 182092
## Total de formes : 29610

Toutefois, notre corpus contient encore les mots outils, autrement appelés stop words, c’est-à-dire tous les mots grammaticaux comme les conjonctions de coordination par exemple. Nous filtrons donc le corpus grâce à un fichier contenant les mots à exclure et le code suivant nous donne alors la taille du corpus sans ces derniers:

stopwords_fr <- read.csv("stopwords_fr.csv",  encoding="utf-8")
toks_nostop <- tokens_remove(occurrences, stopwords_fr$fg, padding = FALSE)
corpus_size(toks_nostop)
## Total d'occurrences : 88328
## Total de formes : 28714

A partir des mots restants, on constitue un tableau qui associe document et terme appelé DFM (document-feature matrix):

debats_dfm <- dfm(toks_nostop)
nfeat(debats_dfm)
## [1] 27327

Cela nous permet ensuite de faire une visualisation statistique du tableau, c’est-à-dire d’avoir le nombre de fois qu’apparaît chaque terme mais aussi de faire un résumé statistique de ce dernier grâce à la fonction summary:

featfreq(debats_dfm)
summary(featfreq(debats_dfm))
##    Min. 1st Qu.  Median    Mean 3rd Qu.    Max.
##   1.000   1.000   1.000   3.232   2.000 994.000

On constate une part très importante d’hapax (termes n’apparaissant qu’une seule fois), la médiane étant égale à 1. Ensuite, on filtre donc le tableau en ne conservant uniquement que les 300 mots avec la fréquence d’apparition la plus élevée afin d’exclure les hapax et les mots qui n’apparaissent que très peu et qui ne sont donc pas assez représentatifs ou utiles pour l’étude.

top300 <- names(topfeatures(debats_dfm, n = 300))
debats_dfm_300 <- dfm_select(debats_dfm, pattern = top300, selection = "keep")
nfeat(debats_dfm_300)
## [1] 300

Le filtrage effectué, on découpe ensuite le corpus par année:

group_sizes(debats_dfm_300, "annee")
##      Occurrences Formes Hapax
## 1815         139     89    59
## 1816         141     86    58
## 1817          67     52    42
## 1818          19     17    15
## 1819         266    141    85
## 1820         123     80    57
## 1821          95     64    45
## 1822          30     26    22
## 1823          29     23    19
## 1824         270    139    79
## 1825         491    176    67
## 1826         265    129    67
## 1827         359    164    82
## 1828         116     68    44
## 1829         568    132    60
## 1830         497    185    81
## 1831          88     63    51
## 1832         865    238    67
## 1833         304    155    88
## 1834         638    209    66
## 1835          96     66    48
## 1836         383    161    72
## 1837         541    202    74
## 1838         701    230    79
## 1839         381    188    98
## 1840         241    127    71
## 1841         192    123    84
## 1842         249    132    79
## 1843         362    172    78
## 1844         276    127    70
## 1845         198    105    67
## 1846         188    116    78
## 1847         390    169    70
## 1848         100     65    47
## 1849         288    136    66
## 1850         491    198    77
## 1851         320    149    73
## 1852         695    224    79
## 1853         594    211    76
## 1854         861    251    64
## 1855        1130    266    50
## 1856         564    208    85
## 1857         447    194    87
## 1858         706    228    77
## 1859         464    185    78
## 1860         394    170    76
## 1861         651    198    67
## 1862         798    235    69
## 1863         785    225    55
## 1864         611    232    92
## 1865         368    176    88
## 1866         475    190    91
## 1867         687    218    76
## 1868         426    190    92
## 1869         327    163    87
## 1870         316    157    84
groups <- group_sizes(debats_dfm_300, "annee")

plot_group_sizes(groups = groups, part = "Année")

Courbe occurences

Cela nous permet donc de visualiser le nombre d’occurences pour chaque mot par année. A l’aide d’un graphique, on constate un nombre d’occurences qui varie énormément en fonction des années, très élevé pour 1855 par exemple avec environ 1000 occurences et très faible pour 1818 avec seulement 50 occurences environ. De manière générale, les 300 termes les plus fréquents se retrouvent plus dans les journaux de la fin de la période considérée. On peut également savoir quels sont les mots les plus fréquents. On sait par exemple, de manière peu surprenante, que le mot le plus fréquent est Charlemagne. Cette tendance est à mettre en relation avec la courbe obtenue sur Gallicagram présentée plus haut. En effet, les deux graphiques sont similaires et nous détections déjà un emploi particulièrement important du terme “Charlemagne” vers 1830 et vers 1855. Nous devons donc nous interroger sur ces périodes. En effet, tout au long de notre étude nous nous attarderons sur la question du sous-emploi ou du sur-emploi de certains termes qui sont à mettre en relation avec les événements correspondants aux années durant lesquelles ces termes sont employés. C’est donc pourquoi nous nous pencherons dans la prochaine partie sur la question de la temporalité.

La question de la temporalité

Position du problème et méthodologie (Tom et Lola)

L’analyse factorielle des correspondances est une méthode qui permet de discerner les relations entre les variables d’un tableau de données de grande taille en le découpant en multiples facteurs.12 Dans notre cas, le base de l’analyse est le tableau lexical antérieurement présenté, qui a pour modalités en colonnes les années allant de 1815 à 1870 et pour modalités en lignes tous les mots des articles faisant mention de Charlemagne qui n’ont pas été exclus dans l’étape précédente.

C’est donc la relation entre chacun de ces mots et les années de publication des articles dans lesquels ils apparaissent qui sera dégagée par l’AFC, montrant quels mots sont les plus fréquemment utilisés dans quelle période de temps. Dans cette manière, il est possible d'explorer le contexte textuel spécifique des mentions de Charlemagne dans chaque année et d’ainsi tirer les conclusions sur l’emploie changeant de la figure de l’empereur.

Dans la représentation graphique des résultats, les mots sont regroupés autour les années où ils apparaissent le plus fréquemment et éloignés de celles où leurs mentions sont les plus rares.

La question des facteurs

Nos modalités sont donc découpées en plus de 50 facteurs. Toutefois, certains ne représentent qu'une part mineure des modalités, il n'est donc pas nécessaire de tous les étudier. Afin de savoir quel nombre de facteur est à étudier nous pouvons nous servir d'une règle assez simple, nous prenons uniquement les facteurs qui se trouvent avant la formation d'un "coude", c'est-à-dire avant une chute brutale sur la part des facteurs. Ici, le coude se situe entre le facteur 2 et 3. Toutefois, nous faisons quand même le choix d'étudier le troisième facteur, deux étant trop peu pour obtenir une vraie conclusion sur la représentativité de nos échantillons. De plus, le facteur 3 représente tout de même plus de 4% des modalités, ce qui en fait un facteur important.

Courbe facteurs

Présentation du de l’outil utilisé

Afin de réaliser l’AFC nous utilisons le site AnalyseSHS13, développé par l’équipe du Pôle Informatique de Recherche et d’enseignement en Histoire (PIREH) de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en 2012. Ce site s’appuie sur plusieurs technologies libres (PHP, CSS, JavaScript) et sur plusieurs paquets de R14. Pour réaliser l’AFC, le site permet d’entrer notre fichier tabulaire en tant que tableau de contingence et une fois les paramètres définis, de sortir l’AFC (cf image de l’AFC).

Traitement des modalités

L’AFC reste très illisible notamment en raison du grand nombre de modalités. On seuille donc les modalités pour ne garder que celles qui sont supérieures ou égales à la valeur moyenne en ligne et en colonne. Cela permet donc d’enlever toutes celles qui ne sont pas suffisamment représentatives du corpus. Ensuite, malgré le fait que l’année 1829 ait déjà été écartée, il nous faut encore en écarter afin de ne pas biaiser l’analyse par l’effet comète15 de certaines modalités. Cet effet comète désigne en effet toutes les modalités qui se trouvent extrêmement écartées des autres. En colonne, on ne prend donc pas en compte les mots “vol”, “net” et “édition”. Ces trois mots se réfèrent certainement à des prix ou des références d’autres ouvrages cités dans les articles étudiés et ne sont donc pas très utiles pour notre étude.

Graphique factoriel

Dépouillement du 1er facteur (Enzo)

La question romaine : usages discursifs défensifs et offensifs de Charlemagne

Introduction

Lors du Risorgimento une grande question a été l’objet d’une controverse politique, dipliomatique et morale entre le Second Empire français, le jeune Royaume d’Italie et les Etats Pontificaux. Elle consistait à statuer sur le sort de Rome au sein ou à l’extérieur du royaume d’Italie réunifié en 1861. Dans le Journal des Débats, côté français, cette controverse s’est traduite par une hausse des usages discursifs de Charlemagne en lien avec certains termes “Saint-Siège”, “indépendnace”, “Rome”, “Eglise”, “souverain”, “Pape”, “France”, “Italie” ou encore “Europe” comme cela est observable dans le premier facteur dans notre Analyse factorielle des correspondances au sein des coordonnées négatives. Ces coordonnées négatives réunissaient ces termes ainsi que certaines années: 1860, 1861, 1865 et 1866. Il apparaît après dépouillements des concordances de ces termes un double usage discursif de Charlemagne. Le premier est défensif, c’est-à-dire qu’il vise à défendre les droits territoriaux du pape, le second est offensif, c’est-à-dire qu’il vise à contredire la position précédemment tenue. En nous intéressant à quelques termes de notre analyse nous nous interrogerons sur la référence historique à Charlemagne comme moyen de défense d’une institution multiséculaire et comme moyen de promotion d’une nouvelle identité italienne.

Un usage discursif de Charlemagne: défendre par un droit coutumier multiséculaire issu de l’histoire.
Un usage historique postulant un fondement juridique

Dans le Journal des débats une ligne éditoriale apparaît, celle de la défense des droits territoriaux du pape : on repère en effet sur le 1er facteur parmi les modalités lignes en coordonnées négatives les plus fortes des mots comme “siège”, “Rome”, “Eglise” ou encore “indépendance”. On constate que sur ce même facteur également en coordonnées négatives parmi les modalités colonne les années “1860”, “1861”, “1865” et “1866”. Nous pouvons également le voir dans un autre temps en faisant une analyse des concordances de Rome en 1866. Sur R Studio, pour faire apparaître ce résultat nous utilisons cette ligne de code:

subcorpus <- corpus_subset(debats, annee == "1866")
toks_1866 <- tokens(subcorpus)
kwic(toks_1866, "religion", window=10)
## Keyword-in-context with 0 matches.

Cette ligne de code nous permet de faire apparaître dix mots avant et après la forme pôle “Rome” dans les numéros du Journal des Débats de l’année 1866.

Cette ligne se fonde sur plusieurs références historiques tissant un lien profond entre Charlemagne et les Etats Pontificaux. Cela peut se lire, dans le numéro du 1er décembre 1866, dans un article de P.David traitant des nouvelles diplomatiques reçues de Naples le 24 novembre 1866 :

“Charlemagne en constituant l’Etat pontifical n’en fit la donation qu’à Saint-Pierre et à la république, beato Petro er romane reipublicae16

Ici la référence historique est fausse, puisque c’est Pépin le Bref qui a en réalité, en 751, réalisé la donation territoriale au Pape fondant les Etats Pontificaux. Cependant, l’exclusivité de ce lien entre “Charlemagne” et “Saint-Pierre”, à comprendre comme les successeurs de Saint-Pierre, évêque de Rome et donc les papes, tisse de fait un lien historique multiséculaire créant de fait une relation juridique de type droit coutumier. Cette défense s’inscrit donc dans une tradition qui reconnaît aux papes la jouissance du temporel en plus de la jouissance d’une autorité spirituelle.

Un usage historique se fondant sur une défense morale

Cette défense qui se base sur un élément juridique fait aussi ressortir le critère de l’indépendance, comme l’illustre cette citation dans le numéro du 26 novembre 1866, citation extraite d’un article du journaliste P.David:

“Quoi qu’il en soit l’auteur commence par établir, d’après l’historien Muratori, que Rome n’ayant été conquise par les Lombards, n’a pu être comprise au nom des cités données ou restitues aux Papes par Pépin et Charemagne”.17

Cette citation faisant référence au don de Pépin en 751, créant une nuance insistant sur l’indépendance de la Ville Eternelle face aux Lombards lors des conflits opposant rois lombards et papes dans les années 720 à 750. Ici, comme la ville n’a jamais été conquise et donc jamais restituée, elle a donc toujours été indépendante. C’est cette indépendance qui est défendue par le journaliste et rédacteur de la colonne. Ainsi se crée une distinction entre la conquête qui donne au vainqueur le sort du vaincu et dans un contexte où Rome n’a pas été conquise par les troupes de Victor-Emmanuel II, de fait Rome peut garder son indépendance.

Conclusion de sous-partie

Ainsi nous avons vu que par un usage historique créant une défense juridique et morale des droits territoriaux du Pape. Cela traduit tous les liens historiques entre Charlemagne et les papes qui de fait se sont matérialisés sur le long temps historiques par l’émergence d’un acteur pontifical spirituel et politique ayant influencé la politique européenne durant de très longs siècles.

Un usage discursif de Charlemagne offensif: la fin des Etats Pontificaux
La fin des Etats Pontificaux comme fin de l’unification italienne

Dans le Journal des débats une autre ligne éditoriale concurrente celle de la réfutation des droits territoriaux du Saint-Siège. Cela prend plusieurs formes. La première est celle d’une critique de la désunion de l’Italie. Elle se lit dans le numéro du 19 novembre 1866 dans un éditorial de John Lemoinne qui lors de ce passage fait une référence au Discours sur Tite-Live de Machiavel:

“Comme quelques-uns pensent que la prospérité de l’Italie tient à l’existence de l’Eglise de Rome, qu’il me soit permis d’apporter contre cette opinion quelques raisons. Un pays ne peut être véritablement uni et prospérer que l’orsqu’il obéit à une seule espèce de gouvernement soit monarchie soit République. […] Si le gouvernbement de l’Italie n’est pas ainsi oprganisé. […] C’est à l’Eglise que nous le devons. Ainsi elle appela Chgarlemagne pour chasser les Lombards déjà rois de toute l’Italie. […]. Telle est la cause de sa désunion. […] Or tout cela c’est à la cour de Rome que nous le devons.” 18

Cette citation, prenant place dans un contexte de Risrogimento, cause populaire en Europe, peut traduire une critique anticléricale qui est facteur de désunion, puisque les Etats Pontificaux sont depuis 1866 le dernier territoire stricto sensu italien à ne pas être rattaché au jeune royaume. Cela illustrre toute l’ambiguïté du processus d’unification qui paraît incomplet alors qu’il est dans sa phase optimale de réalisation. Ici, il y a un rejet très fort d’une autorité temporelle spirituelle, dans un contexte français où malgré l’appui sur la religion du régime impérial, une partie de l’opposition défend des thèses anticléricales souhaitant diminuer l’influence de l’Eglise dans la société, en particulier dans le politique.

La Fin des Etats Pontificaux comme fin d’un acteur déliquescent

Une autre idée défendue au sein d’une partie de la rédaction du Journal des Débats consiste à voir la fin de l’indépendance des Etats Pontificaux comme la fin d’un acteur politique deliquescent ayant perdu de sa superbe au cours des siècles passés et représnetant désormais une sorte d’anachronisme politique. Cela nous est témoigné dans le numéro du 14 mars 1861, tirée d’un éditorial de John Lemoinne:

“Le Saint-Siège ne veut pas transiger, il demande qu’avant tout son droit soit reconnu en se réservant d’en faire ensuite l’usage qu’il voudra […] [Le Duc de Valmy] démontre aussi clairement que depuis longtemps la puissance temporelle du Saint-Siège a pêrdu le rang qu’elle occupait dans l’Equilibre politique de l’Europe; que la liberté et l’indépendance qu’elle possédait aux temps de Charlemagne et de Jules II ont été effacées par les transformations politiques et territoriales des deux derniers siècles” 19

Cette citation témloigne des évolutions géopolitiques internationles des deux derniers diècles ayant progressivement rétrogradé les Etats Pontificaux comme puissance minuere au sein de la péninsule italienne soutenue surtout par de grands empires, le dernier en date étant l’empire d’Autriche au cours du XIXe siècle. Ainsi pour le Duc de Valmy, il apparaît que l’indépendance pontificale est une position qui ne puisse plus se défendre du fait du manque d’un soutien d’une grande puissance. C’est dans cette pensée que se love le journaliste.

La fin des Etats Pontificaux: un usage de réalisme politique de la référence à Charlemagne

Un autre exemple pour réfuter la thèse de la défense de l’indépendnace territoriale du pape, consiste en un retournement de la référence historique à Charlemagne pour en faire non pas une tradition multiséculaire reposant sur une sorte de respect spirituel, mais à en faire une sorte d’accord de circonstance proche du réalisme politique. Cela peut se voir dans l’analyse des concordances de politique en 1866 réaisée grâce à cette ligne de code sur R Studio.

subcorpus <- corpus_subset(debats, annee == "1866")
toks_1866 <- tokens(subcorpus)
kwic(toks_1866, "politique", window=10)
## Keyword-in-context with 5 matches.                                                                            
##  [81, 174] l'auteur conclut en disant qu'il s'agit d.e rétablir ce pouvoir |
##  [91, 164]                    spirituelle aux intérêts ^ dé"" son; pouvoir |
##  [92, 496]           , vice-prèsidont du Conseil d'Eiat, r < répond qu'une |
##  [92, 560]              exprimés par l'honorable M. Jules Favre, que cette |
##  [93, 131]                des deux autres, que l'honorable orateur est, en |
##                                                             
##  politique | et indépendant, et que c'est sous ses""        
##  politique | , que deviendrait, 1a fameuse formule, que «   
##  politique | sénsee qui, dès, le pr-incipo, ri a            
##  politique | est celle qui a été suivie par l'Empereur t (  
##  politique | , pour les émolliens. Il s'agit de résoudre les

L’analyse des concordances montrent cinq résultats témoignant à la fois de l’enjeu politique de ce maintien le transformant en événement politique circonstanciel influençant tant la politique extérieure qu’intérieure du Second Empire. C’est ce qui est montré dans le numéro du 19 mars 1866, citation tirée d’un commentaire d’actualités étrangères à propos de la convocation d’un consistoire par le pape en janvier 1866.

“Si l’on apprenait qu’en cette occasion le Saint-Siège avait sacrifié son in dépendnace spiritituelle aux intérêts de son pouvoir politique, que deviendrait la, fameuse formule, que”le pouvoir temporel assure l’indépendance du Pontife?” […] Afin de s’assurer de la donation de Charlemagne, la papauté laisse épouser successivement neuf femmes, au mépris des arrêts énergiques par lesquels l’Eglise réprouvait le divorce” 20

Cette citation usant d’un exemple prosaïque pour démontrer les intérêts politiques pour les deux partis à s’allier, renverse une sorte d’image mieilleuse d’une alliance de principes entre Charlemagne et le pape. De fait, la référence à Charlemagne est explicitée selon une analyse de réalisme politique visant à démontrer qu’en fait le pape a toujours eu besoin de protecteurs et qu’il était prêt à reneir sur les principes religieux pour en obtenir. Ce choix renverse la défense morale de l’indépendance des Etats Pontificaux puisque le lien entre Charlemagne et religion est brisé. Cela peut nous amener plus loin que le simple usage discursif de Charlemagne pour justifier ou non l’indépendnace des Etats Pontificaux, nous pouvons montrer qu’en fait Charlemagne est l’outil rhétorique moral servant à justifier de fait ce qui est une volonté politique française. Cela est démontré de deux manières. La première si on regarde les concordances de politique en 1861 avec le code suivant:

subcorpus <- corpus_subset(debats, annee == "1861")
toks_1861 <- tokens(subcorpus)
kwic(toks_1861, "politique", window=10)
## Keyword-in-context with 10 matches.           
##  [191, 159]
##    [203, 5]
##  [209, 208]
##  [210, 124]
##  [210, 145]
##  [210, 151]
##    [214, 6]
##   [214, 48]
##   [215, 77]
##  [218, 295]
##                                                                         
##                       temps nous avons dit qu'au point de vue moral et |
##                                              J'applaudis vivement a la |
##       du Saint-Siège a perdu le rang qu'elle occupait dans l'équilibre |
##                           en même temps il a voulu, conformément iz la |
##      italiennes. Voyons la différence considérable qui existe entre la |
##                       qui existe entre la politique de l'Empire et, la |
##                                                        Il n'y a pas de |
##                                , pour sortir de cet état, revenir à la |
##                          mains du roi lombard que nous avons t'ait. La |
##  la France opposa aux raisonnemens l'instinct infaillible de son génie |
##             
##  politique |
##  politique |
##  politique |
##  politique |
##  politique |
##  politique |
##  politique |
##  politique |
##  politique |
##  politique |
##                                                                        
##  , cette neutralité recevrait une grave atteinte, et que               
##  de Napoléon III. <• En dégageant le Pape                              
##  de l'Europe que la liberté et l'indépendance qu'elle possédait aux    
##  séculaire de la France, maintenir la séparation des nations           
##  de l'Empire et, la politique révolutionnaire que j'ai signaléé        
##  révolutionnaire que j'ai signaléé. Napoléon 111 avait compris qu'il   
##  arrêtée, les documents en sont la preuue certaine;                    
##  dont nous avons dévié depuis Villafranca. Nous n'aurions pas          
##  française, les intérêts français y trouveraient uno satisfaction qu'il
##  et chrétien et aux armées d'une démocratie trompeuse elie opposa

Cette ligne de code montre que l’alliance entre Napoléon III et le Pape est une alliance d’intérêt politique. Le deuxième témougnage de cette idée se trouve dans cette citation du numéro du 12 mars 1861, tirée d’un compte-rendu de la séance du Corps Législatif du 11 mars 1861:

« Il [L’Empereur] a voulu maintenir deux intérêts éminemment français. Il a voulu maintenir la papauté dans des conditions de dignité et d’indépendance, et en même temps il voulut, conformément à la politique séculaire de la France, maintenir la séparation des nations italiennes. » 21

Ainsi, Charlemagne sert à justifier par l’histoire, la tradition ou la morale une position qui peut sembler trahir nos alliés italiens du moment, à savoir le choix de nuire à l’unification totale de l’Italie en gardant les Etats du Pape selon un principe de respect envers la religion.

Conclusion

En somme, dans le cadre de la question romaine, les usages discursifs de Charlemagne montrent une certaine double appropriation de son image. La première est celle relevant de la tradition historique du moment le faisant le soutien infaillible du pape lui donnant des territoires et lui permettant in fine de prendre son indépendnace et d’influer sur la politique européenne. Cela traduit aussi le lien crée partout en Europe entre l’action de Charlemagne et les dynamiques géopolitiques à l’oeuvre au XIXe siècle dans la perspective de développement des nationalismes. La seconde se construit en opposition à la première image tendant à remettre du pragmatisme dans l’histoire, à accepter un certain niveau de réel qui sert à la défense d’une cause jugée noble en son temps: l’unification italienne. Au terme de cette réflexion nous pouvons ainsi démontrer toute la plasticité de la figure de Charlemagne qui sert à justifier tout et son contraire, montrant bien que Charlemagne relève du mythe fondateur que du mythe en mouvement dans une réalité changeante. Pour revenir à la plasticité de la figure de Charlemagne, nous pouvons l'observer dans les coordonnées positives du facteur 1. Les modalités lignes et colonnes sont très hétéroclites, rapprochant des termes très distants (comme "Livres", "Royal", "Académie", "romans", "travail", "rue" ou encore "reine") et des années dont le lien chronologique ne peut être fait comme cela ("1845", "1844", "1870", ou encore "1819"). Il apparait que nos coordonnées positives témoignent d'un usage plus artistique et littéraire de Charlemagne, ce qui est l'enjeu central du deuxième facteur.

Dépouillement du 2e facteur (Alexandre)

Le deuxième facteur que nous allons étudier nous permet de nous pencher sur un point que nous avions volontairement laissés de côté au cours de notre analyse du premier facteur, le lien entre les différents discours de Charlemagne et la période se situant autour des années 1830. Nous pouvons notamment voir que la romanisation des discours de Charlemagne ainsi que de sa vie est une données centrale pour l’état français au cours du XIXème siècle. Il est alors légitime de se demander comment le règne de Charlemagne nous est conté dans le journal des débats sur cette courte période temporelle. Cependant, il faut faire attention à ne pas assigner des éléments du corpus en trop dans notre second facteur. Et pour se faire, nous avons utiliser la technique du coude, plus connue sous son nom anglais, elbow method. Selon les résultats qui nous sont proposés par l’AFC (Analyse Factorielle des Correspondances), il semble y avoir un lien très fort, bien que dissimulé au premier abord, entre les discours historiques et tous les autres discours de Charlemagne.

Les coordonnées négatives, facteurs d'une histoire antérieure

On remarque alors que le terme ‘’romans’’ est celui qui est en coordonnées la plus négative sur le facteur 2 de notre AFC, ce qui signifie qu’il est sans doute en situation d’attration avec les modalités colonnes également en coordonnées négatives sur ce facteur comme les années 1832, 1833 et 1834. Cela nous laisse alors entendre l’importance de ces discours dans le domaine historique. Et en effet, ces discours semblent être mis en opposition les uns avec les autres.

“Ce travail est difficile, je le sais, mais il est nécessaire pour ranimer Charlemagne et son temps. C’est une étude historique à faire sur des contes et des romans.” 22

kwic(tokens(debats), "romans", window=10)
## Keyword-in-context with 49 matches.           
##                                                                          
##   [62, 109]   ##                    si homme dans l'histoire, prend, dès les premiers |romans |, l'attitude d'un empereur idéal, organe et ~ représentant
##   [99, 423]   ##                            ', autre se bornant à laisser croire. Les |Romans |semblaient inébranlables dans leur amo.ur; quand une bonne mesuré
##  [143, 278]   ##                   romain; il faudrait faire ce qu'ont fait nos vieux |romans |de gestes. C'est là qu'est l'histoire de là'
##  [244, 262]   ##                         légende! ), le; grand Corneille appelait les |romans |de chevalerie les originaux décousus de l'histoire. Ainsi M
##  [334, 117]##                      , et de César jusqu'à Attila. Puia viendraient les |romans |d'aventures. Enfin paraîtraient les poëmes satiriques et allégoriques si
##  [341, 659]##                                     ), il est, dis-je, dans les idiomes |romans |une singularité dont l'explication m'a préoccupé grandement. Pourquoi,
##  [439, 110]##                            aimé la force, et non pas seulement dans les |romans |, c'est le nôtre, ou les plus grands noms
##  [439, 311]##                             , c'est enfin ce qu'on ne voit que dans les |romans |, la force au service delà justice, le bonheur
##  [440, 10] ##                              L'amour ne joue pas un grand rôle dans les |romans |du cycle carlovingien. Ce sont des chants de combat
##  [529, 135]##           , le caractère politique qui semble régner dans plusieurs des |romans |carlovingiens, probablement écrits « sous ~ Ie patronage et
##  [587, 410]##               très religieux respect de l'histoire, tout en faisant des |romans |. L'oeuvre qu'il a entreprise, ou pour mieax dire
##  [618, 243]##                          la source, soit en allant la chercher dans les |romans |de chevalerie, dans les contes des trouvères et des
##  [618, 318]##                           les Notes de M. Mazuy des citations des vieux |romans |et des vieilles poésies françaises qui les leur feront très
##  [618, 341]##                  . L'Histoire des quatre fils Aymon, le Charlemagne des |romans |, l'enchanteur Merlin, les ogres, les chevaliers de
##  [653, 393]##                                            : ( ( i ). Et que disent les |romans |, les chansons épiques, les traditions populaires, tous
##  [708, 99] ##                        colorent chacun selon le goût de son siècle. Ces |romans |de Charlemagne et des douze pains avee quoi le moyeu-âge
##  [713, 87] ##                      une étude historique à faire sur des contes et des |romans |. Cette élude, M. de Sismondi ne l'a
##  [714, 228]##                       O ferrum! heu ferrum » Ouvrez quelques-uns de ces |romans |dont la longue série forme l'épopée carlovingienne, et vous
##  [723, 76] ##            Cet adoucissement du fanatisme fougueux, qu'on voit dans les |romans |de Charlemagne, fut un effet lent et graduel des
##  [728, 62] ##                     première croisade. La patrie de ces deux espèces de |romans |est auînôins douteuse. Deux romans de la cinquième classe
##  [728, 68] ##                  ces deux espèces de romans est auînôins douteuse. Deux |romans |de la cinquième classe qui se, rapporte aux guerres
##  [729, 188]##                             avares de détails, ne disent rien. Dans les |romans |, tous les autres exploits de Charlemagne, plus importans
##  [729, 300]##  - visiblement confondu avec Charles-Martel et Charles-le-Chauve. « Les |romans |de la quatrième classe qui se rapportent à Guillaume 4iu
##  [740, 17] ##                 remarque. Les contes que j'ai cités ont-ils précédé les |romans |ou les ont-ils suivis? Je ne sais pas mais
##  [740, 207]##               Saint-Gall précède; d'un siècle au moins les plus anciens |romans |de Charlemagne. II est temps de passer à ces
##  [740, 218]##                            de Charlemagne. II est temps de passer à ces |romans |et d'étudier dapsCbarlemagnf le héros épique. Nous savons comment
##  [740, 253]##               a fait l'apothéose poétique de Charlemagne. Dans tous les |romans |des Douze Pairs Charlemagne que l'imagination du moyen-âge confond avec
##  [743, 36] ##          cela appartient à la Germanie sa généalogie fabuleuse dans les |romans |là maison de France descend des empereurs romains. Maximien
##  [743, 223]##                             e voir. Quand au contraire, paraît dans les |romans |le personnage dé Charlemagne nous sommes.au douzième siècle. Le
##  [743, 278]##                      héros de son épopée. Aussi dans le Charlemagne des |romans |le guerrier germaniqm; a les moeurs du chevalier,
##  [743, 339]##        Charlemagne, c'est-à-dire du héros auquel se rattachent tous les |romans |des Douze Pairs il est temps d'en venir à i
##  [743, 354]##                               est temps d'en venir à i' examen des deux |romans |que nous annonçons:'̃'•̃;;•̃̃ 
##  [744, 3]  ## De Charlemagne. Ce changement d'adversaires s'est perpétué dans tous les|romans |de Charlemagne. ( 2 ° article. - )
##  [745, 176]##                                          Le plus célèbre de ces anciens |romans |de Charlemagne et des Douze Pairs toujours il s'agit de
##  [747, 7]  ##                     Turpin. Ils la croient postérieure à la plupart des |romans |c'est sans contredit te fragment connu sous le nom de
##  [747, 68] ##                         au moius aux traditions qui font le fond de ces |romans |carlovingiens ou tout au moius aux traditions qui font le
##  [747, 82] ##            par le docteur Giulio Ferrario dans son histoire des anciens |romans |. Les preuves qu'ils donnent à cet égard sont convaincantes
##  [750, 27] ##                          épique. C'est à ce second degré c'est dans les |romans |de chevalerie. Les payens ici sont les Sarrasins et
##  [750, 753]##                   se retrouvent dans les j'omans connus sous le nom des |Romans |que nous devons maintenant étudier le personnage de Charlemagne.
##  [751, 5]  ##                         . Monin nous fait connaître, font partie de ces |romans |des douze pa/ r ~ de France. Le
##  [751, 69] ##                                  ,' ducde Bavière etc. Mais ce sont des |romans |isolés. Autour de Charlemagne au contraire, viennent se
##  [751, 127]##                                , comme en choeur, je ne sais combien de |romans |dont il est le centre. Charlemagne est le dernier
##  [752, 48] ##              Ce sont eux surtout qui devinrent les sujets des diftérens |romans |. La fable en effet aime mieax se prendre aux
##  [752, 70] ##                           dans t'Edds, et dans les Nibelungen. Dans les |romans |cartovingiens Attila, Charlemagne restent en arrière, et dans
##  [753, 178]##                     . mère de Charlemagne, précédé d'une Notice sur les |Romans |des douze pairs de France, adressée à M.
##  [753, 282]##                       plus nous inspirer. Il nous donnera des sujets de |romans |c'est possible:\\ il ne nous donnera pas de
##  [769, 80] ##                         France. Il en. sera d'un opéra commode certains |romans |historiques de M""* de Genlis. <
##  [794, 235]##
##  [851, 115]## (Deux lignes incompréhensibles donc léger problèmes dans les lignes)

Cette phrase du Journal des Débats du 1er septembre 1834, tiré de la rubrique des Variétés, et plus précisément d’un article à propos du livre Histoire des Français23 de Monsieur de Sismondi, nous indique que les personnes cherchant à aborder le thème de l’empereur Charlemagne, grâce aux connaissances que nous avons de lui et des personnes qui lui sont proches, pour être capable de le lier aux multiples enjeux omniprésents lors du XIXème siècle.

“La chronique du moine Saint-Gall précède d’un siècle au moins les plus anciens romans de Charlemagne. Il est temps de passer à ces romans et d’étudier dans Charlemagne le héros épique.” 24

Il y a alors une volonté claire de démontrer la place et surtout l’importance des écrits littéraires ayant été rédigés avant l’époque de Charlemagne mais aussi à son époque, et même après, qui abordent ce personnage central de l’histoire de France. C’est dans cette idée que s’inscrit notre texte qui provient lui aussi de la rubrique Variétés du Journal des Débats. Cette citation du journal provient d’un livre de Paulin Paris qui se nomme Li Romans de Berte aus grans piés. D’autant plus que le but de l’utilisation du personnage de Charlemagne est d’essayer de placer des sortes de fondements à cette société française.

À l’instar de son coté romantique, la figure du héros ressort beaucoup dans les mots à caractères négatifs. Les auteurs des années 1830 possède de réelles envies de montrer, par la littérature et différents procédés stylistiques l’ampleur du personnage de l’empereur Charlemagne au sein de la société telle qu’elle se définit lors. De par ce vocabulaire fantastique, il y a une volonté évidente de faire transparaître et de transmettre le côté guerrier et belliqueux de Charlemagne. Il y a alors la notion de féodalité qui est omniprésente dans les récits qui sont racontés par les acteurs du XIXème siècle.

“Le poète nous montre avec le héros son théâtre : Arcis et Napoléon, Chalons et Mérovée, Valmy et le drapeau tricolore” 25

Dans ce poème de Monsieur Viennet nommé La Franciade26 qui nous est présenté par l’éditeur Henri Plon, l’auteur cherche a faire une démonstration de la place des personnages et la mise en abime qui passe par la comparaison avec d’autres hommes forts de l’histoire de la politique. Le côté poétique de cette oeuvre permet d’avoir une approche différente de la manière avec laquelle ces problématiques se retrouvent abordées. L’utiisation de certains personnages politiques provenant du passé de la France peut alors s’avérer très intéressante pour comprendre la société des années 1830 et en 1863. On voit ce phénomène avec la figure de Charlemagne, celle que nous sommes en train d’analyser, mais aussi avec un autre personnage qui est omniprésent et que l’on retrouve aussi en coordonnées négatives, Charles Martel.

Cette idée de traditions ancestrales semble être centrale pour la compréhension des données présentes en coordonnées négatives au sein du second facteur de notre AFC. C’est alors logique de retrouver certains termes tels que : guerres, traditions, moyen, âge, féodalité ou peuples. On peut donc imaginer que ces thèmes sont beaucoup représentés par la littérature ainsi que tous les moyens d’apporter de la culture au peuple au cours du XIXème siècle. Il est aussi légitime de se questionner sur la place des femmes au sein de cette société encore extrêmement masculine, question qui donne l’impression d’être de plus en plus posé au fur et à mesure de l’évolution temporelle de notre période.

Les années qui semblent être les plus compatibles avec ces productions littéraires et artistiques sont 1832, 1833, 1834 et 1863, des années assez rapprochées entre elles sauf pour la dernière.

Les coordonnées positives, entre éducation et royauté

À l'instar de la méthode que nous avons appliqué pour les différents termes présents en coordonnées négatives, nous allons appliquer ce fonctionnement aux multiples mots trouvable en coordonnées positives. Ces informations se retrouvent être beaucoup plus distancées dans le temps que ne l'était les dates des coordonnées négatives. De plus, ces dates sont regroupées en plusieurs groupes proches dans le temps. On peut par exemple retrouver 1823 et 1825; 1844 et 1845 ou encore 1859/1860/1861 et 1869.Les informations qui sont relatés dans le Journal des Débats en coordonnées positives semblent se séparer en deux visions claires mais très distinctes l'une de l'autre. En effet, le premier thème important est lié au pouvoir royal. Nous pouvons l'apercevoir à travers plusieurs mots clés qui nous servent de lignes directrices sur ce sujet : Royal ; Siège ; Reine ; Honneur. Cependant, certains mots possèdent aussi un sens qui se rapprochent du second thème et qui peuvent être assimilés à ces deux thèmes. Le deuxième thème qui est extrêmement abordé semble être celui de l'éducation. Et en effet, certains mots servent aussi à nous donner cette impression comme prix (dans le sens d'un prix scolaire ou universitaire), heures (durant la scolarité des élèves), livres, académie, honneur. En outre, certains mots s'associant au thème de la royauté peuvent aussi être assimilé à cette notion. Et cela passe par différents intermédiaires tel que le nom des écoles par exemple. On retrouve ce cas particulier dans le numéro du Journal des Débats du 07 septembre 1844. En effet, selon cet extrait nous pouvons analyser le fait que ces personnes sont :

"Aubert-Hix, censeur des études au collége royal Louis-le-Grand, et son fils professeur de rhétorique distingué au collége royal d'Angers" 27

L'utilisation du terme royal désigne ici le fonctionnement et l'importance de l'éducation transmise à certaines personnes du royaume, bien que cela ne peut, par conséquent, pas toucher toutes les strates de la société française du XIXème siècle. En effet, les différences entre les habitants durant les multiples régimes politiques qui se succèdent, que ce soit, pour les années de notre corpus, la Seconde Restauration (1815-1830), la Monarchie de Juillet (1830-1845),la Deuxième République (1848-1852) ainsi que le Second Empire (1852-1870). En comparant nos années choisies en coordonnées positives aux régimes gouvernant à ce moment, il nous est alors simple de constater que seuls 1823, 1825 et 1844 se déroulent durant une période de royauté. Nous pouvons alors en comprendre que les années qui suivent sont principalement concernées grâce aux retombées des actions et des décisions prises auparavant.

Pour autant, deux mots restent assez éloignés des deux thématiques que nous venons de définir : rue et pape. Pour le second, il est légitime d'imaginer un lien probable entre les membres des hautes strates de la société, et donc très probablement des nobles ainsi que de la royauté, et la papauté. Avant la fin du XIXème siècle, la France possède un rapport très spécifique à la religion chrétienne, qui est la base du fonctionnement de la société française. Cependant, il n'est pas impossible de penser qu'au sein des livres d'histoires, que nous pouvions retrouver en coordonnées négatives, le thème de la papauté soit abordé. De plus, il est même imaginable que ce terme se retrouve dans des livres de religion qui cherche à dresser un portrait extrêmement élogieux des personnages forts du Moyen Âge, et donc de Charlemagne dans notre cas. Le mot rue est, quant à lui, plus compliqué à relier à une thématique particulière. En effet, des rues existaient probablement durant le règne de Charlemagne ainsi que sous la royauté française. Nonobstant, le mot rue ne peut être utilisé qu'au sein d'études d'architecture ou de génie civil, quelque soit son implication dans le bon fonctionnement de la société française du XIXème siècle.

Dépouillement du 3e facteur (Waldeck)

  • Présenter les principaux éléments mis en avant par le 3e facteur
  • Il faut intégrer des retours au texte afin d'illustrer les observations faites via l'utilisation de la fonction kwic() de quanteda par exemple.
  • Possibilité aussi de revenir aux journaux sur Gallica.

Footnotes

  1. Isabelle Durand-Le Guern, Bernard Ribémont, Charlemagne. Empereur et Mythe d'Occident, p. 231, Robert Morissey, L'Empereur à la barbe fleurie, p. 9-10.

  2. Robert Morissey, L'empereur à la barbe fleurie, p. 10.

  3. Robert Morissey, L'empereur à la barbe fleurie, p. 10-11.

  4. Robert Morissey, L'empereur à la barbe fleurie, p. 11.

  5. Robert Morissey, L'empereur à la barbe fleurie, p. 11.

  6. Dominique Kalifa, Philippr Régnier, Homogénéiser le corps national, p. 1418.

  7. Antoire Prost, Les mots, dans: René Rémond (éd.), Pour une histoire politique, 273.

  8. Damon Mayaffre, Les corpus réfléxifs : entre architextualité et hypertextualité, dans : Corpus 1 (2002), p. 5.

  9. Damon Mayaffre, Les corpus réfléxifs : entre architextualité et hypertextualité, dans : Corpus 1 (2002), p. 1.

  10. Benoit, Kenneth, Kohei Watanabe, Haiyan Wang, Paul Nulty, Adam Obeng, Stefan Müller, and Akitaka Matsuo. (2018) “quanteda: An R package for the quantitative analysis of textual data”. Journal of Open Source Software. 3(30), 774. https://doi.org/10.21105/joss.00774

  11. Benoit K, Obeng A (2024). readtext: Import and Handling for Plain and Formatted Text Files. R package version 0.91, https://github.com/quanteda/readtext.

  12. Antoire Prost, Les mots, dans: René Rémond (éd.), Pour une histoire politique, 260-261.

  13. http://analyse.univ-paris1.fr/

  14. liste détaillée des paquets de R utilisés pour les méthodes quantitatives: http://analyse.univ-paris1.fr/apropos.html

  15. Philippe Cibois, Les méthodes d’analyse d’enquête

  16. Journal des débats, 1er décembre 1866, lien URL:https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k456344g.

  17. Journal des Débats, 26 novembre 1866, URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4563391

  18. Journal des Débats 19 novembre 1866, URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k456332c

  19. Journal des Débats, 14 mars 1861, URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k452639v

  20. Journal des Débats, 19 mars 1866, URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k456090r

  21. Journal des Débats, 12 mars 1861, URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4526373

  22. Journal des débats, 1er septembre 1834, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k438510m

  23. Jean Charles Leonard Simonde de Sismondi, Histoire des français..., 1821

  24. Journal des Débats, 14 octobre 1832, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k437835v

  25. Journal des Débats, 05 mai 1863, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k453409g

  26. Jeans-Pons-Guillaume Viennet, La Franciade: poëme en dix chants, 1863

  27. Journal des Débats, 07 septembre 1844, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k446678q